jeudi 28 janvier 2016

Lu pour vous Gabon : Jean Ping face à ses contradictions

Lu pour vous
Gabon : Jean Ping face à ses contradictions

Candidat déclaré à l’élection présidentielle gabonaise, l’opposant Jean Ping est contesté au sein-même de son propre camp. Non seulement son lobbying contre le gouvernement d’Ali Bongo rencontre peu de soutien au Gabon, mais il semble l’avoir définitivement discrédité auprès de la France…

À l’approche de l’élection présidentielle qui doit se tenir avant le 30 août 2016, le Gabon s’apprête à vivre des mois mouvementés au rythme des débats entre le président Ali Bongo, candidat à un second mandat, et Jean Ping, annoncé comme candidat et désigné par le Front uni de l’opposition pour l’alternance le 15 janvier dernier. Alors que la procédure de désignation du candidat de la principale coalition de l’opposition devait être définie le 27 janvier, Pierre-André Kombila, président du Front, a dénoncé ce « coup de force » réalisé en l’absence de 10 des 14 membres fondateurs.
Nouveau venu dans l’opposition, Jean Ping divise déjà dans son propre camp, estimant de son côté avoir été désigné par 16 des 27 responsables du Front présents ce jour-là. « C’est moi le prochain président de la République gabonaise ! », a-t-il récemment clamé aux journalistes. À 73 ans, l’ancien doctorant en sciences économiques à la Sorbonne (Paris) affiche une carrière politique longue comme le bras, débutée en 1990 sous l’ère Omar Bongo, père de l’actuel président gabonais.

Une campagne parisienne pour fragiliser le gouvernement d’Ali Bongo

Après de brefs passages dans plusieurs ministères, Jean Ping a exercé la fonction de ministre des Affaires étrangères de 1999 à 2008, avec comme point culminant la présidence de la 59e Assemblée générale des Nations Unies entre 2004 et 2005. Il a ensuite présidé l’Union africaine à Addis-Abeba (Éthiopie) entre 2008 et 2012 avant de revenir au Gabon pour se lancer dans les affaires. S’il a créé, fin 2012, le cabinet d’affaires Ping & Ping Consulting avec ses deux fils, Jean Ping n’a pas pour autant abandonné la politique, et compte le faire savoir.

Il a ainsi effectué en octobre 2015 un séjour à Paris dans le but de rallier la France à sa cause politique. Lors de cette campagne diplomatique, Ping a dressé un tableau très sombre du Gabon, décrivant une situation « chaotique » aux pointures politiques françaises qui l’ont reçu : Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste ; Jean-Pierre Cantegrit, sénateur des Français de l’étranger ; Hélène Le Gal, conseillère Afrique du président François Hollande ; Jean-Christophe Belliard, à la tête de la Direction Afrique-Océan Indien au ministère des Affaires étrangères ; et Ibrahima Diawadoh, conseiller Afrique du premier ministre Manuel Valls. Problème, cette campagne a rencontré peu d’écho, comme le révèle Afrique confidentielle. Les interlocuteurs de Ping en France semblent en effet avoir été peu convaincus par son discours catastrophiste.

Ping soupçonné de servir les intérêts chinois
Faute de trouver une oreille attentive, l’adversaire déclaré d’Ali Bongo s’est avant tout discrédité lors cette offensive visant à diviser les gouvernements gabonais et français. Fort d’un large carnet d’adresses suite à ses divers mandats nationaux et continentaux, Jean Ping est même soupçonné de servir les intérêts de la Chine, avec qui son cabinet serait lié en affaires. Ping, cheval de Troie de la Chine en Afrique ? Une hypothèse qui, si elle était vérifiée, le discréditerait comme candidat à la présidence gabonaise, puisqu’il est en tant que tel censé chercher à représenter les intérêts du Gabon avant tout.

Né d’un père chinois et d’une mère gabonaise, l’ancien ministre suscite de nombreux doutes quant à ses intentions futures pour le Gabon. Qualifié de « sans emploi » et « sans projet politique » par Ali Bongo, Jean Ping ne semble guère inquiéter le président gabonais, dont il fut autrefois proche. La lutte fratricide annoncée pendant un temps pourrait donc tourner court, surtout si le Front uni de l’opposition pour l’alternance décide d’aligner un autre candidat à l’élection.
Sources:
http://www.ladiplomatie.fr/2016/01/28/gabon-jean-ping-face-a-ses-contradictions/
Publié le : Jeudi 28 janvier 2016 sur le site La Diplomatie.fr

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