Crimes BOA-Nazis-Emergents

Enfin que nul ne l'ignore, cette page présentera tous les crimes commis par le régime des Bongo-Ondimba de père en fils.

Les assassinats, attentats et les exécutions secrètes,

Ce qui suit peut être appliqué à un nombre infini de cas d’étrangers et de gabonais assassinés sous le régime des Bongo, dans des conditions jamais élucidées malgré l'ouverture péremptoire d'enquêtes officielles.  Aucune enquête ne s'est jamais refermée sur des coupables et des conditions bien définies. Là est un trait caractéristique du régime des Bongo.

Sous le régime des Bongo, que d’assassinats. De Germain Mba à Joseph Rendjambé, de Germain Mba, de Djoue Dabany, de Robert Luong, de Michel Bomboh à Pierre Mamboundou (qui a plusieurs fois à des tentatives d’assassinat), tous ces morts, même celles qui comportaient d’évidentes signatures du meurtrier, ont aux dires de Monsieur Bongo et de ses thuriféraires, fait l’objet d’enquêtes officielles. Bien malin qui dira que ces enquêtes se sont refermées sur des coupables clairement reconnus. Quelle confusion !

L’examen que ce blog fait ici n’est pas exhaustif, car désormais la ligne entre mort par courte maladie et assassinat est devenue mince. En effet le régime utilise l’empoisonnement pour faire passer les assassinats politiques pour des morts par maladie. Le principe est simple, on administre par voie orale, cutanée ou par injection une dose non létale. Le but étant de provoquer un disfonctionnement des organes pouvant aboutir à une crise cardiaque ou à une septicémie générale entrainant la mort. Le commanditaire tout comme l’exécutant se cachent derrière cet assassinat silencieux en prétendant que la victime est morte de courte maladie.

Toute personne a son prix, fut-il celui de sa vie”, ce petit mot très affectionné par Omar Bongo résume un peu l’univers de la compromission de ce géronte de l’équateur qui aimait affirmer que « qui n’est pas avec moi est contre moi ». C’est assez grave, car tous les petits chefaillons de son sérail se sont portés à l’imiter. Ils organisent des crimes rituels pour dit-on avoir les grâces du dictateur, ce qui est plus grave c’est que Omar Bongo lui-même et son successeur les protègent. La pratique d’assassinat par empoisonnement connaît un relent de succès à cause de la discrétion que cela procure. La victime, est toujours accusée de mourir de courte maladie ou de mort naturelle. Des consignes strictes sont données pour qu’aucun hôpital n’accepte de pratiquer l’autopsie. Joseph Rédjambé, Leader de l’Opposition, assassiné par inoculation de poison en 1990 est un exemple parmi tant d’autre. Vingt trois ans après cet assassinat on a pas toujours les résultats de l’autopsie.

Les émeutes à caractère insurrectionnel que cela a provoqué ont poussé les tenants du pouvoir dur contre la démocratie et les droits de l’homme à opter pour des «méthodes douces»: L’empoisonnement. L’assassinat des leaders de l’opposition n’était plus à l’ordre du jour depuis l’assassinat de Redjambé en 1990 sous Omar Bongo réapparait depuis 2009 par Ali Bongo.

Omar Bongo avait comprit que dans le contexte actuel l’assassinat des leaders d’opinion entrainait une vague d’émotion importante pouvant balayer son régime. C’est pourquoi il se contentait de faire le vide autour des leaders de l’opposition en assassinant toutes les têtes pensantes qui aident et entourent le numéro un de chaque parti de l’opposition.

Depuis 2009 Ali Bongo a remis à l’ordre du jour l’assassinat de toutes les personnes qui lui font ombrage, partisans ou opposants, un véritable nettoyage par le vide. Quand il était ministre de la défense sous l’ère de son père, il a non seulement fait assassiné des opposants (Joseph Rédjambé étant la figure emblématique) mais il s’est débarrassé, de ses généraux d’armée encombrants le plus souvent par empoisonnement à la suite d’une soirée sablée. Sont également éliminés tous les empêcheurs de gouverner en rond que sont les journalistes de la presse libre (quand ils existent), les libres penseurs, les syndicalistes (Martine Oulabou) ou encore les transfuges du PDG surtout ceux qui sont soupçonnés de trahir ou de vouloir trahir le PDG et son Chef Omar Bongo.

Il est certainement plus explicite d'illustrer cette triste partie du chapitre par un tableau récapitulatif des assassinats politiques commis par le système Bongo :

Le tableau ci-contre ne vise pas des objectifs d’exhaustivité, mais il permet de montrer à suffisance les affres et l’ampleur des deuils engendrés par le système Bongo. Même s’il y avait seulement un seul assassinat ce serait toujours un assassinat de trop car nul n’a le droit d’enlever la vie à son semblable.

Pierre PEAN[1] nous édifie et nous conduit droit dans les allégeances et les méandres du pouvoir de Bongo.

Année
Noms et Prénoms
Profession
Observation
1971
Germain MBA
Diplomate
Personnage gênant
1973
BOUQUET
Avocat
Personnage gênant
1977
Ndouna Dépénaud
Poète
Ex mari de Mme…
 
Layigui
Officier sup. CEM
 
1978
Djoue Dabany
Officier sup. CEM
Hélico piégé
1978
Firmin Ndoutoume
Officier Sup. CEMA
Empoisonnement
1979
Robert Bossard
PDG Diesel-Gabon
Explosion de voiture
1979
Avaro Ambourouet
Prof. université
Avion piégé
1979
Robert Luong
Peintre-Décorateur
Amant de Mme…
1980
René Journiac
Adj. de FOCCART
Personnage gênant
1980
P.Fanguinovény
 
Voiture piégée
1980
Pinaton
 
Empoisonnement
1984
Ogoula
Amant de Mme
Assa. en argentine
1990
Doukakas N.
Agent SEEG
Empoisonnement
1990
J.  Rendjambe
DG SONADIG
Assassinat
1991
Michel Bomboh
Officier de Police
Assassinat
1992
Martine Oulabou
Enseignante
Assassinat
1993
Kombila Ign.
Policier témoin assassinat de Bombo
 
1993
Léon Ossiali
Officier Sup. FPN
Assassinat
1994
Mayombo E.
Professeur
Assassinat au Pk6
1997
Sam Mvé Ondo
Journaliste
Empoisonnement
1997
 Silmost
Journaliste
Empoisonnement
1998
fils Cavacas
commerçant
assassinat
2000
Olouna Gaston félicien
Général d’armée
Objecteur de conscience dans le Haut Ogooué, assassiné par empoisonnement
2000
AYATSOU Antoine
Ancien DG éducation nationale
Rédacteur d’un journal secret dans le haut Ogooué assassiné par balle
2005
 Tentative d'assassinat de Pierre MAMBOUNDOU
 
 
2009
 Assassinat de 57 port-gentillais suite au coup d’Etat d’Ali Bongo
 
 
2009
 331 personnes portées disparus depuis l’intervention musclée des troupes d’Ali Bongo à Port-gentil
 
 
2009
 
Empoisonnement des leaders de l’opposition par jet de gaz toxique devant la cité de la démocratie :
1/Pierre Claver Nzeng Ebome y décédera de ces suites
2/Pierre Mamboundou gravement atteint échappera de justesse grace à une prise en main en France
3/André Mba Obame, gravement atteint est toujours dans un état critique à ce jour
 
 
2010
Assassinat du Monsieur Ziza DG du Conseil Gabonais des Chargeurs
 
 
2011
 Assassinat de Pierre Mamboundou
 
 
2012
 Tentative d’assassinat de Jean ndouanis
 
 
2013
 Tentative d'assassinat par empoisonnement Jean de Dieu MOUKAGNI-Iwangou, sucesseur de Pierre Mamboundou à l'UPG
 
 
2014
Assassinat de Mboulou Beka
 
 
2015
Tentative d'assassinat par Jean PING
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 

 
 
 

 

 « Affaires Africaines »(1)[2] ce fameux livre-document écrit par une des plus belles  plumes françaises d’investigation devrait être lu par le plus grand nombre. Saisissant et étourdissant d’objectivité et rempli de détails précis, il retrace l’histoire des relations franco-gabonaises de la Ve République française. Il analyse avec force et détails les arcanes du bongoïsme, les meurtres et attentats contre les opposants ou les amants de l’ex-Madame Bongo, le recours aux mercenaires, l’inégale répartition des revenus nationauxLe père tuait sauvagement, le fils le fait en finesse
Le père était un nabot complexé qui éprouvait le désir de démontrer sa puissance de manière ostentatoire. C’est pourquoi il affectionnait les exécutions sommaires comme pour Mandza, Ndouna-Depenaud ou Germain Mba. Le fils lui opère différemment. A la conférence nationale de 1990, lorsque Redjambe lui a dit de se taire et de laisser les gabonais régler leurs problèmes entre eux, Ali Bongo dans une profonde colère lui répondit : « tu vas voir ! ». Quelques semaines plus tard, Redjambe fut retrouvé sans vie à l’Hôtel Dowe du port Mole. L’enquête, ou le semblant d’enquête, révéla de vrais faux papiers d’identité d’une dame qui séjourna à cet hôtel sous le nom de Brigitte Canon. Mais nous savons aujourd’hui que cette personne n’existe pas. Alors qui est la femme dont on s’est servi pour attirer le pauvre Redjambe au Dowe pour le tuer ? Si le père avait travaillé avec les méthodes brutales de Bob Denard, le fils lui préfère la souplesse meurtrière d’un Bruno Baril. Dans le cas Redjambe, le policier qui avait établi les faux papiers sous l’identité de Brigitte Canon, Jean Paul Kombila, fut assassiné quelques jours après Redjambe. Qui plus est, dans un article publie en 2007, le Journal « Le Nganga » révélait qu’un rapport d’analyse d’échantillons prélevés sur Redjambe et analysés dans un laboratoire français à la demande de la famille, démontrait qu’on lui avait injecté une dose létale de phénobarbital. Le nom de celui qui injecta est même connu, un certain Dr Keita. Mais l’impunité est toujours là omniprésente. Toute les sources s’accordent a dire que c’est l’équipe de Bob Denard qui assassinat en 1971, Germain Mba ; et Ndouna Depenaud en 1977. En 1978, le Gabon perdu Joseph Ambouroue Avaro, dans un accident d’avions troubles jamais élucidé jusqu'à nos jours. Vu ses activités politiques, beaucoup, soupçonnent un sabotage. En 1979, les barbouzes de Bongo élimineront en France, Pierre Fanguinoveny, dans un accident de voiture maquillé, dont il est largement écho dans « Affaires Africaines » de Pierre Péan. Dans les années 80 on aura l’empoisonnement de Doukakas Nziengui, l’exécution du Capitaine Mandza en 1985 et l’assassinat de Joseph Rendjambe en 1990 (photos ci-dessous). La liste est longue et nous n’avons pas cité tout le monde mais vous vous faites une idée de toutes ces vies qui nous ont été arrachées par la nébuleuse bongoïste

Le Cas Djoué Dabany

                Le cas Djoué Dabany et ses trois collègues (un gabonais et deux européens) reste une énigme que seul Bongo est capable d’expliquer. En effet, chargé d’une mission à Franceville (il s’agirait du transport de l’argent de Bongo), ces quatre personnes ont disparu corps et bien entre Libreville et Franceville, dans l’espace dit «la forêt des abeilles». Des troupes militaires sont aller fouiller la forêt sans trouver la moindre épave, ni le moindre corps. Cet homme qui était le frère cadet de l’ex-épouse de Bongo a donc mystérieusement disparu. Vingt ans après ces recherches inutiles qui ont mobilisées d’énormes moyens, on a toujours pas un début de réponse à l’enquête ouverte par le régime. Certain ont dit que ces recherches n’étaient qu’une mise en scène pour tromper les familles des disparus car le lieu d’atterrissage ou du crash de l’hélico serait ailleurs qu’à l’endroit désigné. Il s’agirait du Congo.

L’assassinat de Joseph Rédjambé Issany

                L’assassinat en 1990 du Chef charismatique du Front Uni des Associations Politiques de l’Opposition (FUAPO), avait, en pleine tension sociale failli faire tomber le régime de Bongo. Celui-ci pour la deuxième fois en quelques mois a été sauvé in extremis par l’armée coloniale française. Joseph Rédjambé a payé chèrement sa clairvoyance et son opposition à une opposition factice et une démocratie de façade comme le voulait Bongo et les opposants à sa solde. Son assassinat est programmé depuis le début de la conférence nationale. Ses prises de position contre le système inquiète le régime. D’ailleurs la conférence nationale piétine, le pouvoir ne veut pas céder sur le caractère souverain et obligatoire des actes de la conférence nationale. Il veut plutôt que ceux-ci n’aient qu’un caractère symboliquement indicatif. D’ailleurs depuis le début de celle-ci, le camp de Bongo campe sur ses positions : elle veut imposer à la majorité des partis et associations présente un caractère purement consultatif de la conférence nationale. Mais l’opposition véritable conduite par Rédjambé tient dure, cette position porte d’ailleurs quelques fruits et le camp adverse commence à se fissurer. Mba Abessolo, opposant fabriqué par la France et Bongo quitte le RSDG, beaucoup des membres du PDG, parti de Bongo commence à faire défection, c’est le début de la panique. Ali Bongo, fils et successeur désigné du dictateur est commis par le dernier cercle du pouvoir afin de trouver un arrangement et pour amener l’intellectuel progressiste à des meilleurs sentiments à l’égard du clan. Rien à faire, d’ailleurs ce dernier réagi très violemment à cette tentative. Allant pratiquement jusqu’à invectiver «l’émissaire» qu’il aurait traiter de biafrais et même gifler quand celui-ci l’a passé une tape amicale à l’épaule. Dés ce jour, il ne sait pas qu’il vient de signer son arrêt de mort. Le reste est une machination diabolique réglée avec une minutie parfaite. C’est l’histoire d’un témoin aujourd’hui assassiné ? (Alain Dickson), une victime Joseph Rédjambé Issany assassiné, un appât Mme Kanon alias Mme DN, ex-amante de la victime et Ambassadeur actuellement et trois tueurs professionnels d’origine asiatique, d’un lieu du crime, l’hôtel Dowé de Libreville. Vu la tournure que pourrait prendre les évènements après l’assassinat, les commanditaires veulent que ce meurtre soit fait en douce pour que l’on prétexte que la personne est morte de mort naturelle, par courte maladie. D’ailleurs Joseph est diabétique et cela entraverait davantage la piste d’une mort naturelle (c’est sur cette piste que Bongo et ses complices se sont appuyés d’ailleurs pour justifié sa mort). Le topo est simple, DN doit faire venir Redjambé dans une chambre de l’hôtel Dowé, elle tentera d’abord de le convaincre, en cas d’échec le plan B sera mis en route. C’est à dire elle fera l’amour avec lui au besoin et le fera boire jusqu’à épuisement, lorsqu’il s’endormira, on l’injectera, sans qu’il s’en rende compte une dose moyenne qui le tuera chez lui quelques jours plus tard. Le jour final survint, le poison, en injection, étant déjà prêt, les commanditaires demande à dame DN d’inviter Joseph à l’hôtel. Mais ce plan bien huilé connaît quelques couacs. Le premier c’est le témoin inattendu Alain Dickson qui se trouve à la réception de l’hôtel lorsque DN arrive. Il connaît très bien DN qui se fait passer pour Mme Kanon, un peu étonné sans être très surpris dans ce genre de situation, les fameuses grandes dames du Gabon ont d’ailleurs l’habitude de louer des chambres sous des faux noms quand elles ont un rendez vous galant avec un homme autre que leur mari. Son étonnement ne grandit pas davantage quand il voit arriver Joseph Rédjambé qu’il connaît également. Après un court conciliabule, DN et joseph se dirigent vers les ascenseurs et montent dans leurs chambre. Il est 20h00. Environ trente minutes après trois sujets asiatiques, on aurait dit des japonais aux dires d’Alain Dikson montent eux aussi. De toute façon il n’y a aucune raison de faire attention à eux. C’est un hôtel beaucoup fréquenté par les étrangers. Une heure plus tard DN descend seule précipitamment et sans demander son reste, va au parking démarre sa voiture et s’en va. Quelles que minutes plus tard c’est au tour des «japonais» de descendre. En ce moment on commence à s’inquiéter de l’absence de Rédjambé qui selon ses habitudes ne vient jamais en retard à une réunion du FUAPO ou du PGP son parti, à fortiori la manquer.
Il y a quelque chose de bizarre, surtout en cette période d’insécurité organisée par Bongo. Pourtant, cet homme, dans sa diabolique duplicité, avait signé un décret présidentiel garantissant la sécurité et l’absence de toute tentative d’assassinat ou de poursuite pour des motifs politiques de tous les membres de la conférence nationale. Mais des conférenciers et des journalistes qui couvraient l’événement ont été agressés, d’autres violés et humiliés par l’armée prétorienne de Bongo.
Quand Alain Dickson se pointe au siège du parti, il trouve le sujet en discussion : Rédjambé est injoignable et personne ne sait ou il se trouve. C’est ainsi qu’il relate la scène du début de la soirée. Quand une délégation se rend sur place, elle ne peut que constater le décès de leur leader. Il fait nuit, la nouvelle de la mort de l’enfant terrible de Port-gentil ne s’est pas encore répandu, elle le sera dès l’aurore. Port-gentil et Libreville s’embrasent si ce n’est pas l’insurrection, on s’y approche. Tous les symbole du pouvoir de bongo sont détruit. Le palais de Bongo à Port-gentil est incendié. Le siège de son parti, la résidence de son gouverneur ainsi que la maison de son délégué fédéral de son parti, ainsi que tous les symboles de sa puissance économique ou politique (sa chaîne de magasin Gaboprix est dévalisée et incendiée) subissent le même sort à Port-gentil. Au plus fort de la crise le consul de France à Port-gentil est enlevé, on craint le pire. Mais une médiation de Maître Agondjo permet sa libération. L’armée française est envoyée sur place pour «pacifier» la ville, Oyé mba, qui est alors premier Ministre dira plus tard qu’il n’était pas au courant de l’envoi des troupes françaises à port-gentil. Elle assassinera plusieurs manifestants pour faire revenir le calme. A Libreville, c’est l’insurrection, Le siège du Parti de bongo est incendié, ainsi que l’école des cadres du parti qui le jouxte. Les biens de Bongo et de sa famille sont incendiés un peu partout à Libreville, les arrestations, les couvres feux, l’Etat de mise en garde décrété par Bongo et les tirs sur la populations ne changent rien. Les manifestants ont une mobilité et une tactique de guérilla urbaine qui n’a rien à envier aux troupes bien entraînées. Maître Pierre Louis Agondjo Okawé, qui est le frère de la victime lance un appel au calme
Le Général Ossiali Ongaye
Le 14 octobre 1993, sur le tarmac de l'aéroport international Léon Mba de Libreville, un bimoteur de la compagnie Air Services Gabon demande l'autorisation de décoller. Selon le plan de vol fourni, l'avion a pour destination finale, Cotonou au Bénin. C'est un vol apparemment important car dans l'avion, ont pris place le Général André Oyini, commandant en chef de la Garde présidentielle (GP), le Général Firmin Idriss Ngari Okanga, commandant en chef des forces armées gabonaises (FAG) et le général Léon Ossiali Ongaye, commandant en chef des forces de polices nationales (FPN). Il faut bien que quelque chose de spécial soit en préparation, à la veille de la première élection présidentielle multipartiste pour que les trois patrons de la Sécurité gabonaise se déplacent tous ensemble. Pourtant, rien ne transparaît du but de cette expédition, puisque hormis le général Ossiali, les autres généraux sont accompagnés soit de leur femme et d'un aide de camp (Ngari) ou d'un simple aide de camp (Oyini). Il apparaît dés que seul le Général Ossiali n’était informé de la mission, car les deux autres savaient que la mission consistait à aller assassiner ossiali or des frontières nationales pour éviter l’effet Rédjambé de la population. C’est pourquoi Ngari et Oyini ont demandé à Ossiali de n’amener ni aide de camp, ni épouse.
Ce voyage a pourtant failli avorter, tant les incidents techniques se sont multipliés. C'est d'abord une panne d'alimentation électrique du second moteur qui retarde le décollage de plus de quatre heures. Quatre heures pendant lesquelles les "passagers" repartent chez eux, sous la menace de gros nuages chargés de pluie qui obscurcissent le ciel de la capitale gabonaise.
A la guérite de la résidence du général Ossiali sur les hauteurs de Plein Ciel, les six  policiers en faction  se rajustent précipitamment à la vue de la Mercedes noire officielle du Cochef. Ils le croyaient déjà hors de Libreville et avaient légèrement baissé la garde. Droits comme des piquets, ils saluent leur chef pendant que le portail se referme sur l'arrière massif de la Mercedes. Le général retrouve sa femme et lui explique, un peu évasif, que" le vol est reporté pour le milieu de l'après-midi, le temps de réparer l'appareil".
Le tonnerre gronde et tout le monde sait qu'il va abondamment pleuvoir dans les heures qui suivent. De puissants éclairs zèbrent le ciel. Soudain, un policier qui se tenait debout devant la guérite est foudroyé. Le général sort et trouve le corps inanimé du policier. A la suite des premiers soins, ce dernier retrouve ses esprits, mais présente visiblement une paralysie des membres inférieurs. Une voiture banalisée conduit ensuite le malheureux vers le centre hospitalier le plus proche.
"… Je ne peux pas tout t'expliquer, tu parles beaucoup" seraient les dernières paroles du général à sa femme, sur la terrasse de sa maison, avant de remonter dans sa Mercèdes de commandement. Il ne reviendra jamais vivant dans cette maison.
Les membres d'équipage et les passagers reprennent place à bord de l'avion. Tous trois originaires du Haut Ogooué, province natale du Président de la République, ils devisent sur des banalités. Après le décollage de l'aéronef, le pilote signale des problèmes avec son train d'atterrissage qu'il n'arrive pas à rentrer. Néanmoins, il peut ainsi voler en sécurité, l'avion ayant été testé efficacement à la construction contre ce genre d'avaries. La tour de contrôle confirme son plan de vol à l'équipage, destination Cotonou.
En ce midi étouffant du 15 octobre 1993, la rumeur circule dans la capitale gabonaise : le général Léon Ossiali Ongaye se serait  tué dans un accident de route au Bénin. Sa voiture se serait retournée plusieurs fois quelque part là-bas, au Bénin, hors de Cotonou. Il faut dire Libreville bruit des rumeurs les plus fantaisistes, depuis que Jean Pierre Lemboumba (qui a échappé un an plus tôt aux balles de Martin K., tueur embusqué dans les fleurs de la maison de l'ancien Ministre des finances) et Paul Mba Abessole, candidats à l'élection présidentielle, ont été accusés par le pouvoir d'importer des armes de guerre pour ensanglanter le pays. Curieusement cependant, le gouvernement se tait. Il faut attendre quarante huit heures plus tard pour que Martin Fidèle Magnaga, le bègue Ministre de la défense confirme l'affreuse nouvelle ; il dit par ailleurs attendre le rapport des autorités béninoises quant aux détails sur la mort de l'officier supérieur gabonais.
Depuis une semaine que la dépouille du Général a été rapatriée du Bénin, personne ne connaît les détails de l'accident. Les généraux  Oyini et Ngari prétendent avoir appris la nouvelle de l'accident depuis leurs chambres d'hôtel à Cotonou. Bien sûr, aucun Gabonais ne croît à cette non-version des  faits, surtout pas les parents du défunt Général. Et lorsqu'ils réclament toute la vérité sur l'affaire à Okondja lors de l'enterrement, Ngari et Oyini les accusés, abrités derrière des lunettes noires de soleil, ne peuvent que bafouiller et répéter une version plate qui fait monter la pression. Visiblement, ces deux garçons transpirent le mensonge.
C'est vrai que l'examen du corps du défunt général révèle des ecchymoses au niveau du cou. L'impeccable chemisette  cache mal des bleus qu'on ne retrouve habituellement pas chez un accidenté de la route. De plus, la forte odeur de putréfaction  laisse penser qu'il est mort bien avant la date annoncée, ou que les pompes funèbres béninoises ont fait un travail approximatif…L'ambiance est lourde tant la vérité transparaît, et ce ne sont pas les deux mallettes pleines de CFA remises à la famille du défunt sur ordre du Président de la République qui calmeront la douleur ou dissiperont les soupçons.
Aujourd'hui encore, plusieurs questions restent sans réponses. De quoi est mort réellement le Général Léon Ossiali Ongaye ? Comment est-il mort ? En disant à sa femme qu'il ne pouvait rien lui expliquer  (au juste sur quoi) dans les détails avant son départ, savait-il que les chiens avaient été lâchés contre lui ? Pourquoi a-t-il placé sur les comptes bancaires de sa femme, la presque totalité des centaines de millions  de francs, fruit de l'opération Tonnerre (contrôle des cartes de séjour, rapatriement des étrangers) ? Pourquoi, quelques temps plus tôt, a-t-il payé toutes les années d'études de ses enfants aux Etats-Unis, même du dernier (deux ans en 93), ainsi qu'une superbe résidence ?
Le Général habitait une belle villa sur les hauteurs de Plein-Ciel, exactement en face du bunker de Jean-Pierre Lemboumba Lépandou, adversaire (ennemi ?) déclaré du Président de la République, suite à la tentative d'assassinat dont il fut victime le 7 Janvier 1992. Est-il vrai que le général participait à des réunions chez l'ancien Ministre des finances, comme le soutenaient des milieux proches du pouvoir ?  Peut-on mourir sur des soupçons ? La proximité d'habitation n'a-t-elle pas enflammé et fait galoper  les esprits sur une éventuelle collusion entre les deux voisins ? Le général était-il prêt à passer avec armes et bagages chez l'ennemi ? Pouvait-il trahir le pouvoir, même par idéalisme ? En avait-il des raisons ? Toutes ces questions restent sans réponses. Mais, un an plus tard, l’hebdomadaire satirique indépendant la Griffe sort dans ses colonnes une note confidentielle des services de renseignements de la présidence de la République. Dans celle-ci le général Odja Néré informe le président de la République du succès de la «mission sacrifice suprême menée au Bénin en décembre 1993 ».
Les époux Marion
Triste fin que celle qu’a connu ce couple de barbouzes françaises spécialisés dans les écoutes téléphoniques et les coups tordus en tout genre. Ils ne s’attendaient certainement pas à cette fin aussi horrible lorsqu’ils ont offert leurs services au diable. Ils auraient du faire sien de cette, maxime bien africaine “lorsque l’on signe un pacte avec le mal ont fini par en être victime”, ils vivraient encore certainement. L’histoire des barbouzes françaises en Afrique est longue, pleine des non-dits et surtout triste pour les africains. Nous y reviendrons dans une prochaine édition. Le cas de ce couple dont a retrouvé que les têtes est la preuve que l’on ne sert pas un maître comme Omar Bongo, et ensuite se retirer tout bonnement sans inquiétude. La version officielle est que, au début de l’année 1999 ce couple serait parti faire un tour en ULM (unité légère motorisée) vers la pointe Denis, en face de Libreville. Et que, à la suite d’une panne du moteur, ils auraient fait une chute libre qui se serait terminé par la mort des occupants de l’ULM. Mais des questions subsistent. Ou est l’épave de l’avion et le reste des corps? Comment des instructeurs expérimentés d’ULM pouvaient t-ils s'écraser au sol, alors que l’on sait qu’un appareil de ce type peut atterrir en vol plané? Aucun lieu précis de chute de l’appareil n’a été annoncé par le communiqué du pouvoir. Et comme d’habitude aucune enquête n’a été ouverte pour savoir les circonstances, pour le moins troublantes, du décès de ces deux personnes. Monsieur et madame Marion étaient les oreilles du régime. Toute communication téléphonique ou radio, intérieure ou internationale, et tout courrier, tout fax et télex, étaient interceptés par ses services. Ce couple avait tous les renseignements possibles sur tout le monde y compris l’ensemble des exactions du régime de Bongo. Il était donc dangereux. Lorsqu’ils ont signalé au “Patron” leur intention de ne plus renouveler leur contrat, ils ont, sans le savoir, signé leur arrêt de mort. Pourtant les cas ne manquent pas.
 Des morts suspectes à la SOACO
A la fin du contrat de la société SOACO, chargé de la construction du palais d’Omar Bongo, des architectes et cadres de la société mourraient inexplicablement. Celle-ci a du plier bagages sans finir les travaux engagés et sans demander son reste. D’ou le litige que Bongo a avec  cette société. Des indiscrétions affirment que le maître du Gabon craignait que les plans du château soient dévoilés et servent à un coup d'état.
Un intendant barbouze «suicidé» au palais
                L’autre cas est celui de son ancien intendant français, Maurice Rey, retrouvé avec une balle dans la tête à son bureau du palais du bord de mer. Un suicide, selon la Garde Présidentielle du roitelet. Le plus curieux c’est que cet homme a été retrouvé avec le pistolet dans la main, or de mémoire de criminologue, un suicidé ne peut tenir son arme après son acte. D’ailleurs l’axe de pénétration de la balle indique bien qu’il ne peut s’agir d’un suicide selon des indiscrétions proches de ces mêmes milieux. Cet homme avait, en vain, demandé à mainte reprise  son départ à la retraite. Il ne portait jamais d’armes et que devait faire un cuistot avec une arme de point? La connaissance de certaines habitudes gastronomiques rituelles, et au demeurant curieuses, du maître des lieux serait à l’origine de cet assassinat maquillé en suicide.
 

A mort la Barbouze Conan

                Un autre exemple est celui de Conan, barbouze française devant l'éternel, exécuteur des basses œuvres d’assassinat et de torture des opposants. Ce professionnel de la répression croyait couler des jours heureux dans sa France natale. Après des loyaux services de charcuterie humaine rendus au roitelet équatorial il s’est rendu compte, trop tard, que quand on s’engage chez Bongo c’est pour la vie. Il est rentré en France avec, dans son corps, “une médecine africaine” comme dirait Pierre Péan. Il est mort dans d’atroces souffrances, après avoir été amputé de tous ses membres à la suite des gangrènes inexpliquées.

 Mort d’un consul trop curieux

                Les crimes crapuleux de l’ancien consul honoraire de France à Port-gentil Monsieur Durelli et l’homme d’affaires Gourayed traduisent la nature du régime mafiosique de Bongo. Ces deux hommes ont étés assassinés le même jour et au même endroit, au fort de l’eau hôtel ferme touristique appartenant à un italien et qui est devenu la propriété de Ngari Idriss sans débourser un rond à Port-gentil. Ils ont été découpés à la machette par un jeune camerounais commis à ce propos par les cimes du pouvoir de Libreville. Leur tord est d’avoir découvert un trafic de drogue qui se faisait à partir de cette bâtisse située au bord de l’océan atlantique après l’aéroport de Port-gentil. L’assassin a avoué son crime, il est passé devant une juridiction qui l’a jugé à Port-gentil, après sa condamnation à vingt ans, il a été évadé par les autorités du pays. Des documents, compromettant pour le régime, que détenaient Durelli ont disparu avec l’aide du consul général de France au Gabon. Il semblerait que cet édifice servait au débarquement nocturne du matériel militaire destiné à Sassou Nguesso et aussi à certains produits de contrebande. Le consul de France à Port-gentil qui enquêtait dessus n’était peut-être pas au courant de ses manœuvres commandités par ses chefs d’Elf.

Un assassinat pour avertissement ?
                Autre crime, autre victime, le fils Cavacas. Ce jeune homme a été froidement abattu au volant de sa voiture en tombant sur un barrage érigé par un faux commando de la police. C’était en fait les services secrets de la présidence de la République. D’ailleurs ces derniers ne ratent pas une occasion pour bloquer l’enquête qui s’éternise sur ce crime. Un message lancé à l’endroit de son père.

 Le supplice des Nigérians

                Mai 1994, un coup de filet de la sécurité publique (police politique du régime) arrête un contingent de cent dix sept (117) immigrés clandestins nigérians. Ces derniers sont amenés en salle de torture, on les accuse d’être des mercenaires à la solde de l’opposition pour renverser Bongo. N’obtenant pas de réponses allant dans le sens que les tortionnaires souhaitaient, les pauvres individus, femmes et enfants compris, ont étés enfermés dans un cachot étroit pour autant de personnes, et sont mortes, tous étouffées, dans les cris et les pleurs sans que cela n’affecte personne au sein du pouvoir.

 Un Directeur Général encombrant

                Que dire du Directeur général de COLAS, assassiné la veille de son départ définitif du Gabon ? Un guet-apens a été tendu à cet homme grâce à une jeune demoiselle qui a assisté à l’assassinat. La société Colas est spécialisée dans la construction des routes. Et qui dit routes au Gabon dit argent détourné, car 90% des sommes consacrées aux routes ont étés détournés. Cet homme était forcément au courant de toutes ces malversations.
               

Un «Public relation» pas sûr
                Un assassinat crapuleux à lieu un soir de 1994 au bas de l’immeuble Beyrouth au PK6 à Libreville. La victime, Mayombo Paul, professeur de mécanique et directeur chargé des relations internationales des relations publiques au Ministère de l’éducation nationale. L’un des hommes de dame Missambo, puissant ministre de Bongo à l’éducation nationale. L’auteur présumé de l’attentat est un gépéen (membre de la garde présidentielle). Le motif apparent : ce dernier veut s’approprier de la femme de Mayombo, pour cela il doit assassiner l’époux. C’est ce qui se passe un soir d’avril 1994. L’histoire paraît simple et semble être un fait banal de crime passionnel. Elle aurait pu s’arrêter là si des témoins n’avaient pas vu ce qui s’était réellement passé. Malgré les affirmations du gépéen qui s’accusait d’en être l’auteur (d’ailleurs vite relâché après son prétendu forfait) les témoins ont été formels : Il s’agissait d’un certain Matéya, profession tueur, exécuteurs des basses œuvres du régime et affecté en embuscade à la sécurité mobile, une des polices politiques du régime. Cet homme s’était déjà illustré dans l’assassinat de martine Oulabou, enseignante du primaire au cours d’une manifestation pacifique.

Le gépéen n’avait servi que de leurre, il était d’ailleurs assis dans son véhicule avec l’épouse de la victime au moment des faits. Malgré ses dénégations et son innocence, les parents de la victime étant convaincus que c’était de sa faute, sont parti saccager le domicile des parents de l’épouse ou cette dernière avait élu domicile. Le frère cadet, également professeur, de la victime entreprends une enquête qui va l’amener à faire des découvertes bizarres et d’être emprisonner pendant un an suite à ces découvertes.

                Au Gabon, être au courant des secrets du Dieu équatorial, créateur du Gabon, c’est d’avoir un pied dans la tombe. C’est pourquoi, ceux qui sont mis au courant des secrets doivent jurer sur leur vie pour ne jamais dévoiler ce qu’ils ont vu ou entendu dans le milieu.

 C’est aussi pourquoi tous les adeptes de l’entrisme sont restés cloués. Évidemment, on ne devient pas collaborateur de Bongo si l’on n’a pas fait acte d’allégeance en buvant l’eau de ses pieds et en jurant fidélité et obéissance absolue. Certains l’on compris et ont préféré la misère à la prison dorée qu’offrent les strapontins du guide éclairé. Dans ce milieu on mœurs bien souvent, de curieuse manière.

 Finalement la dictature de cet homme n’épargne personne. En effet si les opposants sont les hommes à abattre, les partisans du régime, chasseur par excellence des opposants deviennent, eux aussi parfois du gibier, ces français, barbouzes françaises ou non, l’ont appris à leurs dépends.


Le 20 février 1978, un hélicoptère Puma s’apprête à s’élever au dessus de l’aéroport de Libreville, malgré le temps exécrable. Le chef d’Etat-Major de l’armée gabonaise, le colonel Djoué Dabany (le frère de Joséphine Bongo alias Patience Dabany, elle-même mère d’Ali Bongo), vient de boucler sa ceinture de sécurité. D’après des témoins présents au décollage, une malle sans doute remplie d’argent est à ses pieds. Les quatre militaires français qui pilotent l’appareil ont fait le plan de vol pour se rendre vers Franceville, capitale du Haut-Ogooué, ville du Président. Ils doivent voler au dessus de notre mystérieuse forêt des abeilles. Djoué dabany est donc le beau-frère d’Omar Bongo mais on le sait en mauvais termes avec lui. Or des rumeurs insistantes ont rendu Bongo responsable de la mort brutale, la semaine précédente d’un certain colonel Fabien Ntountoume. Trois quarts d’heure après le décollage, l’adjudant Sudre (un français) le responsable radio du PUMA, lance un message alarmant : « moteurs en panne, nous allons nous crasher » ! Malgré les« enquêtes », on ne retrouvera jamais l’épave de l’hélicoptère. On apprît plus-tard que, deux jours avant « l’accident », un contrôle de routine avait permis de découvrir dans les réservoirs plusieurs poignées de graviers.

- Le 23 mai 1979, 6 hommes armés jusqu’aux dents, dont 3 Marocains, forcent la porte du bureau de feu maître Agondjo Okawè, doyen de la Faculté de droit de Libreville. Le bâtonnier du barreau gabonais n’est pas là. Informé, il envoie une délégation à la Présidence pour protester contre les agissements de la Garde Présidentielle (aujourd’hui Garde Républicaine). En fait, Agondjo refuse d’enter au Gouvernement pour ne pas donner sa caution au Système Bongo. Ce n’était pas la première fois qu’il était la cible des« barbouzes » du régime. En 1972, il avait été arrêté, avec d’autres professeurs et étudiants, sous prétexte d’un « complot communiste »contre l’Etat. Il passera 4 ans en prison pour rien !

- Joseph Avaro-Ambouroué, professeur d’histoire à la Faculté des Lettres de Libreville, aura moins de chance qu’Agondjo : Après avoir loué un avion à l’aéroclub de Libreville, il s’écrasera un peu plus tard sans aucune raison technique.

- Le 22 juin 1979, le français Robert Brossard et sa femme n’auront pas davantage de chance. Ce jour-là , après avoir mis les valises dans le coffre de leur Mercédès, ils auraient pu prendre la direction de l’aéroport Léon M’Ba pour rallier Paris ! Mais, à peine étaient-ils installés dans leur véhicule que celui-ci explosât. Travail de professionnels : l’explosion avait été télécommandée à distance par des mercenaires. Le capot fut projeté dans un manguier à une dizaine de mètres et tout le quartier Glass fut immédiatement bouclé par la gendarmerie. Brossard était le Président de Diesel-Gabon et aussi celui de l’Association des Français du Gabon. Il avait décidé de vendre son entreprise et s’apprêtait sans doute à aller vider son sac à secrets à Paris. Bongo, interrogé dans l’émission française « Face au Public » s’en lavât les mains : « Un Gabonais est incapable de ce genre de choses … Il a horreur de ces histoires-là … » devait-il affirmer.

- Le 6 février 1980, un avion Grumann s’écrasât à Ngaoundéré au Nord-Cameroun, à quelques centaines de mètres de la piste d’atterrissage. L’avion ultra-sophistiqué appartenait à Bongo. Le pilote était un proche parent du Président gabonais, le passager étant René Journiac, conseiller technique de Giscard pour les « affaires africaines ». On ne devait jamais savoir pourquoi et comment !

- Fin 1980, Pierre Fanguinovény mourait sur l’autoroute A6. Sa voiture, elle aussi avait été piégée. Ambassadeur itinérant de la Présidence Gabonaise, c’était une très forte personnalité. Plus ancien dans la maçonnerie que Bongo et Rawiri, Fanguinovény n’appréciait pas la manière dont était malmenée les règles de la Loge. Il se savait suivi depuis longtemps et s’en était ouvert à son entourage. Personne n’eût jamais le fin mot de cette histoire.

- Le 9 octobre 1980 (une année bien sombre !), le baroudeur français Pinaton, mourrait d’un empoisonnement au Val-de-Grâce. C’était au Gabon, le numéro 2 de la Garde présidentielle. Il avait laissé sa femme en France pour aller se battre au Biaffra (Nigéria) avec l’armée rebelle d’Ojukwu mais début 1980, écœuré par ce qu’il savait et avait vu au Gabon, il démissionnât de la Garde Présidentielle. Mais, il revint plus tard avant d’être rapatrié sur une civière, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Il n’allait pas résister à la spécialité de l’époque : « le bouillon de 11 h » autrement dit l’empoisonnement. Quel crime avait-il commis ? Une aventure sentimentale sans lendemain avec une des nièces de Bongo ? En savait-il trop sur la mort de Robert Luong une des conquêtes de Joséphine Bongo ? Mystère ! Le lieutenant-colonel Bettencourt, no 3 de la G.P. (aujourd’hui G.R.) se retrouvât d’ailleurs lui aussi au Val-de-Grâce. Mais lui en réchappât.

- En février 1982, un commando de la Garde Présidentielle mitraillât en pleine nuit deux jeunes Gabonais devant la boîte de nuit « Au son des Guitares », sur le bord de mer. Roger Onanga et André Remandafurent blessés. Roger Onanga était chef d’orchestre de la boîte de nuit de Marie-Joséphine Bongo, le « Night-Fever », et André Remanda, un Galoa de Lambaréné, était l’ami d’Onanga. Tous deux furent transportés à l’hôpital Jeanne Ebori. Madame Bongo arrivât immédiatement et dit aux responsables : « Si Onanga meurt, je vous tiens pour responsable ». Onanga était le neveu de feu le Général Nkoma, patron alors de la gendarmerie, et Remanda était le fils du maire de Lambaréné. Onanga dont les blessures étaient moins graves, fut expédié avec une partie de sa famille au Brésil, à l’abri du besoin. Remanda eut moins de chance : il eut une jambe paralysée et se retrouva à l’hôpital Henri Mondor au sud de Paris.

Cette affaire privée devint une affaire d’Etat quand Marie-Joséphine Bongo qui n’était pas encore Patience Dabany partit aux États-Unis avec un immense trésor et y menât la grande vie à Los Angeles, à tel point que le département d’Etat fit savoir à un moment aux autorités de Libreville que la sécurité de la « Première Dame » n’était plus garantie sur le territoire américain … Entre temps, Bongo qui tenait malgré tout à cette femme d’une manière irrationnelle boudait et ne travaillait plus. De Fait, la machine administrative se mit à tourner au ralenti. Le clan Assélé (du nom du frère de la Première Dame de l’époque) négociât fortement le retour de Joséphine pour 5 milliards de francs CFA (disent certains). La négociation aurait été menée tambour battant par Jérôme Okinda, un ancien tout-puissant ministre des Finances, proche conseiller de Bongo et devenu par la suite « l’évêque » d’une des nombreuses tendances du Christianisme au Gabon.

Un accord fut trouvé entre le « clan de la Première Dame » et le « clan du Président ». Il ne devait plus y avoir « d’affaires sentimentales » comme avec tel Togolais réparateur de machines à écrire, ou l’Haïtien René, ou le peintre Luong, ou encore le musicien Onanga. Joséphine revint au palais, Bongo retrouvât la joie de vivre et une certaine ardeur au travail. Sauf, que Joséphine Bongo n’avait pas abandonné l’idée de convaincre Bongo de se retirer du pouvoir pour qu’ils puissent vivre une vie normale. Si seulement elle y était parvenue, cela aurait radicalement changé l’histoire du Gabon !


[1] Pierre PEAN, Affaires africaines  Editions FAYARD, Paris 1983
(1)Pierre PEAN, op.cit.

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